Colloque « Faire face aux discours de haine »
Du 28 au 30 septembre 2023
à L’université de Bretagne-Occidentale
De l’apologie du terrorisme et du crime de masse à l’antisémitisme, l’islamophobie et toute autre forme de racisme, en passant par l’homophobie, l’antiféminisme ou encore la cyberviolence, notre époque voit la montée d’opinions et de croyances portées par la haine. Cette propagation des discours de haine sur tous les canaux de communication nourrit la crainte, non seulement d’une manipulation massive et durable de l’opinion publique afin de fragiliser la paix sociale, mais d’une déferlante de violence à l’encontre des personnes visées.
Du 28 au 30 septembre des spécialistes universitaires de réputation internationale se réuniront à Brest, lors de ce colloque, pour analyser les causes et les enjeux de ces discours à travers l’histoire, le droit, l’information, la littérature, la psychologie et la sociologie. Les débats porteront sur les moyens engagés dans le combat contre les discours haineux et comment chaque citoyenne et citoyen peut y faire face.
Intervention: Comment faire face à un négationnisme qui se radicalise ?
Le 9 octobre 2019, le jour de Yom Kippour, un jeune allemand de 27 ans, Stephan Balliet, a tenté de perpétuer un attentat dans une synagogue de la ville de Halle (Saale), dans l’est de l’Allemagne.
« Bonjour, je m’appelle Anon, et je pense que l’holocauste n’a jamais eu lieu », a déclaré en anglais Stephan Balliet à sa caméra placée sur son casque alors qu’il diffusait son acte en ligne, et avant de tuer deux personnes. Puis, il a poursuivi : « Le féminisme est la cause de la baisse des taux de natalité en Occident, et cela sert de justification à l’immigration de masse, la racine de tous les problèmes sont les Juifs ».
Bien qu’Allemand, Stephan Balliet a prononcé ses propos en anglais pour que sa vision du monde de suprémaciste blanc, soit largement transmise à sa communauté en ligne. La vidéo était diffusée en direct sur Twitch pendant 35 minutes. Le terroriste est issu d’une sous-culture d’extrême droite, connecté, qui se radicalise politiquement à travers des forums, des plates-formes pour les joueurs, et des applications comme Telegram. En outre, et pour la première fois, cette attaque terroriste a été marquée par l’utilisation de propos négationnistes, ce qui illustre clairement la dangerosité de cette idéologie. Comment en sommes-nous arrivés là et comme faire face au négationnisme, discours de haine, parfois latent, parfois patent ?
Dans un premier temps, nous allons définir le négationnisme, examiner sa rhétorique et son évolution au fil du temps. Nous allons également décrire les différents acteurs, associations et agendas politiques qui renforcent cette idéologie. Nous allons mettre en évidence la stratégie de communication utilisée par les négationnistes, qui cherchent à se donner une apparence scientifique et universitaire, tout en cachant leur antisémitisme et leur antisionisme. Nous verrons également que certaines personnalités ont sombré dans cette idéologie, à l’image du philosophe allemand Ernest Nolte, qui a soutenu des négationnistes à la fin de sa vie.
Dans un deuxième temps, nous étudierons l’organisation négationniste CODOH (Committee for Open Debate on the Holocaust), pour comprendre comment cette organisation, qui prétend promouvoir un débat ouvert sur la Shoah, est devenue en quelques décennies la structure la plus importante et la plus haineuse en matière de négationnisme. Nous montrerons alors comment les publications de cette organisation se retrouvent en ligne. Nous nous attarderons également sur la diffusion d’un négationnisme « hardcore », en nous appuyant sur l’exemple de la plateforme Telegram, et comment cela conduit à une radicalisation des utilisateurs.
Enfin, dans un troisième temps, nous explorerons les solutions possibles pour lutter contre cette haine et répondre au négationnisme. Nous examinerons les outils dont nous disposons pour faire face à cette menace et proposerons des mesures concrètes pour la combattre.