(photo unsplash / Alexey Soucho)
Manuel Abramowicz
Les mots sont importants. Leur bonne utilisation peut nous permettre de ne pas tomber dans le piège de ceux qui nient le génocide juif.
Négationnisme
Ce terme se réfère directement à la négation des crimes contre l’Humanité commis par les nazis en général, et à la négation de l’existence des chambres à gaz homicides en particulier. Ces chambres à gaz avaient été mises en place par le régime nazi, durant la Deuxième guerre mondiale, dans le cadre de la Solution finale visant à l’anéantissement total des communautés juives. L’objectif principal du négationnisme est de réhabiliter la dictature hitlérienne (1933-1945) et de donner à son idéologie de base – le national-socialisme – un nouvel avenir. Le négationnisme peut également être considéré comme une nouvelle forme d’antisémitisme. Ses leaders et ses adeptes sont désignés par les termes négationnistes ou négateurs.
Autres termes pour les identifier : falsificateurs de l’histoire, assassins de la mémoire (nom proposé en 1987, par Pierre Vidal-Naquet dans son livre Les Assassins de la mémoire, éditions La Découverte), prédateurs de la mémoire (terme proposé par Manuel Abramowicz, en 1993, dans Extrême droite et antisémitisme en Belgique – de 1945 à nos jours, éditions EVO), chiffonniers de l’histoire (in l’ouvrage collectif portant ce titre, édité en 1997 par les éditions Syllepse et Golias) ou encore faussaires de l’Histoire (in, en 1999, le livre s.d. de Christian Terras, aux éditions Golias).
Relativisme
Cette doctrine historique est née en Allemagne fédérale autour d’historiens conservateurs, comme Ernest Nolte, par exemple. Le relativisme veut atténuer la culpabilité des Allemands concernant la période nazie (considérée comme une « période normale » de l’histoire de l’Allemagne). II rejette la « faute collective », la responsabilité de l’Allemagne dans son entièreté et la transmission de cette « faute » sur les générations nées pendant et après l’« ère nazie ». Le relativisme ne reconnaît pas la singularité juive dans l’Histoire des génocides (amérindien, arménien, cambodgien, etc.). Toutefois, le génocide juif n’est pas nié. Il est minimisé. Pour les relativistes, il faut mettre sur un même pied d’égalité les crimes des nationaux-socialistes et ceux du stalinisme. Pour eux, le nazisme fut une réaction d’autodéfense au bolchevisme.
L’émergence du relativisme en RFA conduira à l’ouverture d’un débat important dénommé Historikerstreit (la « Querelle des historiens »). Résultats: banalisation de la période nazie, utilisation des travaux des relativistes par les négationnistes afin de compléter leurs thèses falsificatrices, polémique au sein de l’intelligentsia allemande et renforcement des thèmes nationalistes (droit du sang, identité monoculturelle, ethno-différentialisme, racisme,…).
Révisionnisme
Tentative de réviser une partie des épisodes d’un événement ou les fondements d’un dogme. Ainsi, il existe un révisionnisme du communisme et un révisionnisme du sionisme, pour n’en citer que deux. Le terme révisionnisme est l’appellation derrière laquelle les négationnistes se présentent. Ils y mettent donc un sens positif, en vertu de la définition officielle du révisionnisme.
Jean-Claude Pressac affirme concernant le révisionnisme : « (…) cette appellation, tolérable ou début de leur action, ne peut plus leur être attribuée maintenant, car la radicalisation de leurs positions les a entraînés vers une négation pure et simple. Ils sont devenus des négateurs (…)»1.
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