Fondation Jean Jaurès

21 décembre 2023

Le 7 octobre 2023 restera gravé comme un jour sombre dans l’histoire d’Israël : en une seule journée, environ 1200 vies ont été perdues dans le massacre perpétré par le Hamas. Les meurtres et la prise de 243 otages se sont accompagnés d’exactions incluant des décapitations et des viols collectifs. La plupart de ces actes ont été filmés. Stéphanie Courouble-Share, historienne du négationnisme et docteure en histoire contemporaine (ISGAP, New York), s’interroge ici sur la façon adéquate de traiter ces images.

Alors que, dès le 8 octobre 2023, le Conseil de sécurité israélien déclare officiellement l’état de guerre, les premières photos et vidéos du massacre de la veille sont rapidement diffusées sur les réseaux sociaux par les Israéliens eux-mêmes, puis par les terroristes, faisant de ces images violentes un enjeu crucial dans cette guerre naissante, et suscitant de nombreuses réactions.

Comme c’est souvent le cas avec les terroristes, la terreur s’accompagne de la production de vidéos et d’images de leurs actes. Ces vidéos telles des preuves, des « trophées visuels », sont souvent diffusées sur des plateformes au moment même où le crime est commis, afin de renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté radicalisée, et avec l’espoir d’inciter d’autres individus à perpétrer des massacres similaires. Les bourreaux du Hamas n’ont pas immédiatement diffusé leurs actes sur les plateformes, mais ils se sont filmés, ont filmé leurs victimes avec des caméras accrochées sur eux, et parfois ont même utilisé les téléphones portables de leurs victimes pour envoyer les vidéos aux familles.

Très rapidement, le dénialisme (plutôt que le négationnisme), qui consiste à nier la réalité du massacre, s’est propagé sur Internet et même lors des manifestations. On accusait alors ces preuves visuelles d’être des fausses, fabriquées par la propagande judéo-sioniste. Peu importe que ces images corroborent les témoignages des survivants ou que bon nombre d’entre elles provenaient des membres du Hamas eux-mêmes, qui ont filmé leurs actes barbares ainsi que leurs scènes de jubilation.

Le monde était alors divisé entre ceux qui demandaient la libération des otages et dénonçaient l’antisémitisme, et ceux qui soutenaient la cause palestinienne, s’associant souvent à des slogans en faveur du Hamas et à la présence de drapeaux djihadistes. La diffusion rapide de la propagande islamiste du Hamas sur les réseaux sociaux a encore compliqué la situation en brouillant les frontières entre la défense des droits des Palestiniens et le soutien à l’organisation islamiste comme le Hamas, inscrit sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne dès 2001. Cette convergence d’enjeux et de messages a créé de la confusion et ajouté des couches de complexité à une situation déjà tendue.

Lire la suite – Fondation Jean Jaurès