27 Janvier 2019 –

En cette journée internationale du souvenir de l’Holocauste et de prévention des crimes contre l’humanité, instituée en 2005 par l’Organisation des Nations Unis, marquant la date de la libération du camp d’Auschwitz, je vous présente l’album d’Auschwitz de Yad Vashem.

En décembre 1965, Yad Vashem Bulletin publie le témoignage d’un ancien déporté, Erich Kulka. Il s’agit de déclarations faites devant la Cour de justice de Francfort durant le procès des gardiens d’Auschwitz (entre le et le . E. Kulka se réfère à des photographies comme preuves de la sélection des déportés1.

Les photographies sont depuis regroupées dans un ouvrage collectif : Serge Klarsfeld, Marcello Pezzetti, Sabine Zeitoun, L’Album d’Auschwitz, préface de Simone Veil2. Il s’agit de photographies du camp d’extermination d’Auschwitz prises en mai/juin 1944 par Ernst Hofmann ou par Bernhard Walter, deux SS, et retrouvées en 1945 par une ancienne déportée, Lili Jacob. Elles constituent un témoignage visuel de l’organisation du meurtre de masse mis en place à Auschwitz-Birkenau, elles sont aussi des preuves évidentes contre le négationnisme.

L’album d’Auschwitz comprend 56 pages de 193 photos et se divise en plusieurs parties : l’arrivée, la sélection, la sélection pour les travaux forcés, l’affectation aux travaux forcés, la zone « Kanada » où les affaires des déportés étaient triées, les derniers moments avant les chambres à gaz.

De nombreuses photos attestent la sélections des déportés par des médecins SS entre ceux «aptes» au travail, à qui on confiera de lourdes tâches dans les camps, et qui furent condamnés à une mort lente, et ceux «inaptes» au travail, les enfants, les femmes, les vieillards et les handicapés, qui attendaient dans le Birkenwald (le bois de bouleaux) avant d’être envoyés dans les chambres à gaz.

Les négationnistes s’expliquent très rarement, et difficilement, sur la sélection des déportés arrivés sur la rampe d’Auschwitz :

Thies Christophersen, ancien SS 3, négationniste allemand après la guerre, publie en 1973 un opuscule intitulé Die Auschwitz-Lüge (Le Mensonge d’Auschwitz), préfacé par Manfred Roeder, avocat, militant néonazi et ouvertement antisémite. Dans ce fascicule, T. Christophersen affirme que la sélection des détenus s’effectuait afin d’occuper les détenus qui, selon lui, « ne demandaient pas mieux » : « La sélection n’avait d’autre but que de les utiliser selon leurs goûts, leurs capacités et leur état de santé »4.

Par la suite, cette allégation sera reprise par tous les négationnistes, sans autre explication et argumentation. L’album d’Auschwitz de Yad Vashem prouve, au contraire, cette organisation de mise à mort dans le camp nazi, ainsi qu’elle est décrite dans la page de présentation de l’Album :

« Le début de l’été 1944 sera le point culminant de la déportation des Juifs de Hongrie. A cette fin, une ligne ferroviaire spéciale est prolongée, depuis la gare, en dehors du camp, jusqu’à la rampe, à l’intérieur d’Auschwitz. Un grand nombre de photos de l’album ont été prises sur cette rampe. Les Juifs y sont soumis à une procédure de sélection, effectuée par des médecins SS et des gardiens. Ceux qui sont considérés comme aptes au travail sont envoyés à l’intérieur du camp, où ils sont enregistrés, épouillés et répartis dans les baraques. Les autres sont envoyés dans les chambres à gaz où, pensant prendre une douche anodine, ils meurent gazés. Leurs corps sont brûlés et les cendres éparpillées dans un marécage voisin. Les nazis ne se contentent pas d’exploiter sans pitié le travail de ceux qu’ils ne tuent pas immédiatement, ils pillent aussi les biens que les Juifs ont pris avec eux. Même les plombages dentaires en or sont arrachés de la bouche des morts par un détachement spécial de prisonniers. Les effets personnels que les Juifs ont apportés avec eux sont triés par les prisonniers et entreposés dans un espace que les prisonniers appellent « Kanada » : l’ultime terre d’abondance.

Les photos de l’album montrent l’ensemble du processus, à l’exception du meurtre lui-même ».

Pour une analyse détaillée et critique, cf. l’article, L’« album d’Auschwitz », entre objet et source d’histoire de Tal Bruttmann, Christoph Kreutzmüller et Stefan Hördler.

A la mémoire de Joseph Guttmann, mon grand père, et de sa famille déportée de Hongrie en mai 1944 et assassinée à Auschwitz.

––––Voir L’album d’Auschwitz de Yad Vashem