24 novembre 2019 –

(Photo de présentation : AFP/Archives/Joël SAGET)

Depuis plus d’une décennie, sous des apparences scientifiques et une approche pseudo-historique, les négationnistes empoignent Facebook.

Castle Hill Publishers, le Committee for Open Debate on the Holocaust (Le Comité pour un débat ouvert sur l’Holocauste – CODOH) et l’Institute for Historical Review (Institut pour la Révision de l’Histoire – IHR) pour ne citer qu’eux, diffusent ainsi, de manière latente ou patente, le vieux cliché antisémite du Juif et de l’argent, en prétendant que les Juifs ont sciemment surestimé le nombre de victimes assassinées durant la Shoah, pour soutirer davantage de compensations de l’Allemagne versées à l’État d’Israël.

La maison d’éditions Castle Hill Publishers est fondée en 1998 par le négationniste allemand Germar Rudolf (sur G. Rudolf, cf. phdn.org)

Proche de l’extrême droite radicale allemande, Germar Rudolf affirmait déjà lorsqu’il était étudiant en chimie, que les chambres à gaz ressemblaient à des constructions d’amateurs. Dans les années quatre-vingt-dix, il publie un pseudo-rapport niant l’utilisation de l’acide cyanhydrique à Auschwitz à des fins homicides.

Très vite le « Rapport Rudolf » a été réfuté et des traces d’acide cyanhydrique ont bien été trouvées par une équipe de scientifiques polonais en 1994 dans tous les lieux où les témoins, bourreaux, historiens et documents situaient les assassinats par gazage (Sur la réfutation du rapport, cf. phdn.org).

La méthodologie de G. Rudolf s’est avérée déficiente et son rapport truffé d’erreurs et de falsifications diverses, mais sa formation de « chimiste » aidant, G. Rudolf devient pour ses acolytes une figure marquante du négationnisme international dans les années 2000, permettant ainsi de légitimer le mouvement dans la sphère publique.

En 2016, Castle Hill Publishers marque sa présence sur Facebook et propage sa haine antisémite et négationniste :

 

 

En 2015, Castle Hill Publishers s’associe avec le CODOH, Committee for Open Debate on the Holocaust, une organisation américaine reconnue comme négationniste. Son fondateur, Bradley Smith se défendant de toute forme d’antisémitisme, a cependant toujours clamé qu’il menait un combat pour la défense de la liberté d’expression et nié les liens financiers qui l’unissait à l’IHR, l’institut négationniste, proche des milieux néo-nazis.

La page de CODOH sur Facebook reprend toute la propagande négationniste :

 

 

Décédé en 2016, Bradley Smith est miraculeusement toujours « actif » médiatiquement puisqu’en 2019, sa page Facebook continue d’être alimentée, sans doute écrite par G. Rudolf :

 

 

Ajoutons également d’autres négationnistes sur Facebook :

Le négationniste français, Robert Faurisson, lui aussi décédé en 2018 :

 

 

Le négationniste marocain, Ahmed Rami, un des plus violents, antisémite, antisioniste, en contacts avec des néo-nazis et d’anciens nazis. Il gère l’ancienne radio devenue un site Radio Islam :

 

 

L’Institute for Historical Review, l’un des plus anciens instituts négationnistes internationaux, fondé en 1978 et basé aux États-Unis, se retrouve aussi sur Facebook et propage les principales allégations du directeur de cet « institut », le négationniste américain Mark Weber, et également éditeur du magazine néonazi National Vanguard.

 

 

Alors que le Parlement européen, en 1993, a officiellement approuvé les lois anti-négationnistes et que le 26 janvier 2007 la résolution 61/255, condamnant le déni de l’Holocauste, a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, ces pages Facebook propagent toujours les ouvrages négationnistes, en véhiculant leurs allégations et des liens de vidéos YouTube.

Devrons-nous tolérer encore longtemps ce laxisme relatif aux négationnisme, néo-nazisme et antisémitisme qui sévissent sur les réseaux sociaux ?

N’oublions pas les propos du terroriste néo-nazi de Halle en Allemagne scandés juste avant de commettre un attentat devant la synagogue le 9 octobre 2019 : « L’holocauste n’a jamais existé », « les Juifs sont à l’origine de tous les problèmes ». Le négationnisme, ancré dans l’idéologie nazie, contribue à cette violence actuelle, et il se retrouve sur Facebook.