Valérie Igounet

En raison de sa nature et de son ampleur, le génocide perpétré par le régime nazi contre les juifs a profondément marqué l’histoire contemporaine. Cependant, réactualisant la longue tradition antisémite qui prévalait jusque-là en Occident, les négationnistes se plaisent à dénoncer un prétendu complot juif international qui aurait fabriqué de toutes pièces cette «escroquerie du XXe siècle » dans le but de justifier l’existence de l’État d’Israël et d’extorquer de scandaleuses réparations à une Allemagne innocente. Nous le voyons ici, le négationnisme est l’aspect le plus pervers de l’antisémitisme : celui qui consiste à nier la Shoah.

Dans ce numéro des Etudes du CRIF, l’historienne Valérie Igounet, éminente spécialiste de l’extrême-droite et du négationnisme, retrace avec minutie la genèse d’une idéologie particulièrement perverse et abjecte et de ses nombreuses variations dans le temps et dans l’espace. Elle brosse aussi le portrait de quelques provocateurs, illuminés et haineux, en quête de respectabilité et de publicité.

Bien évidemment, le négationnisme ne résulte en aucun cas d’un raisonnement scientifique et d’une démarche historique ainsi que veulent le faire croire ceux qui se désignent comme «révisionnistes », précise l’historienne. Eux prétendent opérer une révision de l’histoire et instaurer ainsi le doute quant à leurs intentions. Ils veulent avant tout imposer leur théorie comme un courant historiographique. Mais, il s’agit là essentiellement d’un discours politique – fabriqué de toutes pièces – forgé par des idéologues antisémites.

Ce discours a évolué, s’est politisé, a été vulgarisé, instrumentalisé et porté par différents hommes de main.
Depuis l’après-guerre, cette nouvelle forme d’antisémitisme s’exporte au-delà des frontières, explique Valérie Igounet.

Nous le savons, le négationnisme reste l’un des fondamentaux des discours d’extrême droite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En France, depuis pratiquement la création de son parti en 1972, Jean-Marie Le Pen – et certains idéologues et cadres du FN –intègrent le négationnisme dans leurs visions et
offres politiques.

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