2 juin 2019 –

Sur le site Phdn.org (Pratique de l’Histoire et Dévoiements Négationnistes), Gilles Karmasyn nous livre une enquête inédite au sujet d’un auteur peu ordinaire, rarement étudié par les spécialistes : « Robert L. Brock, un suprémaciste noir, antisémite et négationniste, allié au Ku Klux Klan »

Des contacts entre des membres du Ku Klux Klan et des négationnistes sont connus. Alors candidat à la présidentielle américaine en 1988, David Duke, représentant de l’État de la Louisiane, membre du Ku Klux Klan, tient des propos antisémites et négationnistes. Il se rapproche également de l’IHR, l’institut négationniste américain. On le retrouve en 2006 à la conférence négation­niste organisée par l’Iran.

En revanche, les rapprochements de négationnistes avec Nation of Islam (l’organisation musulmane de la communauté afro-américaine dont Louis Farrakhan est le leader) sont moins connus. En 1985, L. Farrakhan avait invité le négationniste américain Arthur R. Butz à la fête annuelle de Nation of Islam. À cette même époque, L. Farrakhan ne cachait pas non plus ses liens contre natures avec des mouvements d’extrême droite et le Ku Klux Klan.

De la même manière, Robert L. Brock, un afro-américain, antisémite et négationniste, s’est allié avec le Ku Klux Klan et l’extrême droite américaine pour devenir un suprémaciste.

Avec cette étude, Gilles Karmasyn nous permet de comprendre que malgré des positions discordantes sur l’échiquier politique, ils s’accordent à l’aide d’une similitude dans leur logique (séparation complète de la race blanche des Noirs, et vice-versa) et d’un dénominateur commun : la haine des Juifs.

Grâce à  des preuves concordantes, Gilles Karmasyn avance également l’hypothèse que Robert L. Brock est l’auteur d’un opuscule qui allègue sur la prétendue responsabilité juive dans la traite négrière transatlantique et l’esclavage des Noirs, une rumeur qui continue d’alimenter l’antisémitisme actuel et les théories complotistes.

 

Robert L. Brock

Un suprémaciste noir, antisémite et négationniste, allié au Ku Klux Klan par Gilles Karmasyn

Préambule

Pete Peters
Pete Peters

En ce jour de juillet 1988, un homme en tenue traditionnelle du Ku Klux Klan, robe blanche et visage dissimulé sous la célèbre cagoule pointue, s’avance devant l’auditoire d’un «Bible camp» de la Christian Identity, à Cedaredge, Colorado. La Christian Identity est un groupe suprémaciste blanc chrétien fondamentaliste qui considère les Juifs comme «la synagogue de Satan» ayant usurpé et falsifié le message divin, les non-blancs – au premier rang desquels les noirs – comme des sous-hommes, et les blancs «nordiques», protestants, comme le peuple élu de Dieu, la Terre Promise étant évidemment l’Amérique1. L’organisateur de cette manifestation est l’un de ses leaders les plus fanatiques: Pete Peters est l’homme dont les diatribes et la rancune ont probablement motivé les terroristes du groupe raciste The Order qui ont assassiné le journaliste juif Alan Berg en 1984 (il avait dénoncé les délires racistes et antisémites de la Christian Identity)2. Nous sommes chez des fous, des fous dangereux.

Le personnage en tenue du Ku Klux Klan est venu faire la promotion du «Pace amendment», un projet visant notamment au «rapatriement» des noirs en Afrique. Cela ne saurait étonner compte tenu de l’idéologie de la Christian Identity et de sa proximité avec le très raciste Klan. Cependant, lorsqu‘il retire sa cagoule, l’auditoire reste bouche bée, et il y a de quoi: cet orateur est noir, il s’appelle Robert Lee Brock3.

Robert L. Brock est pourtant bien un authentique sympathisant du Klan, même s’il n’en partage pas le racisme anti-noirs. Thomas Robb, un responsable du Ku Klux Klan, a d’ailleurs déclaré que Robert Brock avait soutenu le Klan financièrement4. Brock fut le plus délirant des militants racistes noirs dont le désir de séparation, son propre suprémacisme racial et l’antisémitisme étaient si intenses qu’il s’allia avec les plus extrémistes des plus racistes des suprémacistes blancs. Voici sa «carrière» et, malheureusement, ses réussites…

 

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