2 mars 2019 –

Tandis que se poursuivait le procès de Mehdi Nemmouche, le terroriste de l’attentat du Musée juif de Bruxelles, qui a coûté la vie à Emanuel et Miriam Riva, Dominique Sabrier et Alexandre Strens (mai 2014), deux conférences en ce lieu même ont été données le jeudi 28 février par la rabbin Delphine Horvilleur, « ce lieu, précise t- elle, où il y aura pour toujours des fantômes ».

Lors d’un long entretien au journal Le Soir qui a précédé ses conférences, Delphine Horvilleur a décrypté également avec lucidité et intelligence l’antisémitisme d’hier et d’aujourd’hui, reprenant ainsi les thèmes de son ouvrage, publié récemment.

Sa réflexion appelle toutefois à quelques précisions. « De ce que j’ai lu, affirme Delphine Horvilleur, les liens entre les avocats de la défense, les réseaux soralo-dieudonnistes et ceux de l’extrême droite en France sont troublants. Ce qui est nouveau dans ce moment antisémite, c’est qu’on assiste à des alliances créées ces dernières années entre l’islamisme, l’extrême droite et les réseaux soralo-dieudonnistes. Comme si soudain un pont était possible entre ces gens qui a priori ne partagent pas grand-chose si ce n’est aujourd’hui la haine des Juifs. C’est comme si les avocats de la défense racontaient ce pont, via leur histoire, d’où ils viennent et ce qu’ils ont défendu jusqu’aujourd’hui. On a face à soi la démonstration de la fabrique d’un lien tissé, subtil et de plus en plus visible entre les nouveaux réseaux antisémites. »

En fait, ces alliances ne sont pas nouvelles. Il est important de prendre en compte le réseau négationniste à caractère antisémite – mais qui a souvent réussi à cacher ce trait derrière une rhétorique pseudo scientifique -, qui s’est constitué dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Déjà à cette époque en effet, puis à nouveau dans les années 60/70, des liens entre islamistes, nazis, néo-nazis, et auteurs d’extrême droite s’étaient tissés afin de théoriser le négationnisme. Durant les années 70, des auteurs libertaires, d’ultra-gauche, de France et d’autres pays, sont venus apporter leur soutien à ce mouvement. La haine du juif et d’Israël constituait entre eux un solide ciment, mais parce qu’il fallait le cacher, le négationnisme apparut idéalement comme le meilleur subterfuge. C’est ainsi que ce phénomène a pu se diffuser de manière à peine voilée dans l’espace public.

Ce pont entre différents courants idéologiques est ancien dans le négationnisme, il donne également une force supplémentaire à ce nouveau moment antisémite.

L’antisémitisme s’est banalisé de nos jours, et le succès du négationnisme a, en effet, permis de le libérer. Puisque les négationnistes affirment, haut et fort, que le génocide des Juifs est une supercherie de l’histoire, les passions antisémites, non seulement ne sont plus coupables, mais elles sont légitimes.

Le combat contre l’antisémitisme ne doit pas faire oublier celui contre le négationnisme, car les deux idéologies sont intrinsèques.