26 novembre 2019 –
Bonjour @FacebookFR,
Permettez-moi d’insister encore ce matin, mais c’est important.
Suite au discours de Sacha Baron Cohen, prononcé il y a quelques jours, à New York, lors d’une cérémonie organisée par la Ligue anti-diffamation (ADL) et où celui-ci fustigeait les réseaux sociaux de propager la haine, le négationnisme et le conspirationniste, vous avez rétorqué sur Twitter avant hier : « Les discours haineux sont bannis de notre plateforme », ajoutant même que « Les propos de Sacha Baron Cohen sont faux ».
Je vous fais un petit topo rapide avec une seule page Facebook :
Connaissez-vous Castle Hill Publishers ?
Apparemment non, autrement, vous n’auriez pas écrit ce tweet.
Castle Hill Publishers est une maison d’éditions négationniste, fondée en 1998 par le négationniste allemand Germar Rudolf, condamné à de la prison par la justice allemande pour incitation à la haine raciale.
Germar Rudolf est un chimiste, proche dans sa jeunesse des milieux néo-nazis. Dans les années quatre-vingt-dix, il publie un pseudo-rapport niant l’utilisation de l’acide cyanhydrique à Auschwitz à des fins homicides (sur G. Rudolf, cf. phdn.org), en gros, pour vous résumer sa « pensée » : « les chambres dans les camps d’extermination n’auraient pas été utilisées pour tuer, et Rudolf en aurait la preuve ».
Très vite, le « Rapport Rudolf » a été réfuté et des traces d’acide cyanhydrique ont bien été trouvées par une équipe de scientifiques polonais en 1994 dans tous les lieux où les témoins, bourreaux, historiens et documents situaient les assassinats par gazage (Sur la réfutation du rapport, cf. phdn.org).
La méthodologie de G. Rudolf s’est avérée déficiente et son rapport truffé d’erreurs et de falsifications diverses, mais sa formation de « chimiste » aidant, G. Rudolf devient pour ses acolytes une figure marquante du négationnisme international dans les années 2000, permettant ainsi de légitimer le mouvement dans la sphère publique (cf. mon article du 24 nov. 2019).
Castle Hill Publishers sur Facebook
Bref, Castle Hill Publishers se retrouve sur Facebook, principalement afin de promouvoir ses « ouvrages », ses « idées », en sommes sa haine !
Voyons ensemble le récent post publié sur la page Facebook de Castle Hill Publishers :
Le dernier ouvrage de Jürgen Graf, publié en 2019 : Auschwitz: Eyewitness Reports and Perpetrator Confessions of the Holocaust: 30 Gas-Chamber Witnesses Scrutinized.
Y. Graf est un négationniste suisse, condamné par tribunal suisse pour négation de l’Holocauste en juillet 1998.
Dans ce pamphlet, Graf porte son attention sur le camps d’Auschwitz-Birkenau, il y critique les témoignages des déportés et nie la véracité des confessions des bourreaux, pour enfin reprendre toutes les allégations négationnistes telles que les chambres à gaz n’ont pas existé comme moyen d’exécution massive.
« Les déportés juifs ont menti », « les Juifs profitent de ce mensonge », « les Juifs sont, sous de faux noms, plus nombreux qu’on ne le pense »… Toute la rhétorique antisémite se retrouve, de manière parfois patente, parfois latente.
N’oublions pas que comme l’écrivait Troper Michel, dans « La loi Gayssot et la Constitution » :
« De même que crier « au feu » dans une salle bondée n’est pas puni comme mensonge, mais comme une action dangereuse, le négationnisme n’est pas incriminé en tant qu’expression d’une opinion mensongère, mais en tant que mensonge qui fait partie d’une campagne de propagande antisémite ».
@FacebookFR, je vous prie de regarder attentivement ces pages négationnistes (j’en ai d’autres, si vous souhaitez) et de revenir sur votre tweet.
Facebook ne devrait pas donner libre cours à la haine, le négationnisme et le conspirationnisme.